mercredi 27 avril 2011

Tristan, 3 ans déjà!




Voilà déjà 3 ans que tu nous as quitté. À ton départ, tu as laissé un grand vide derrière toi. Depuis ce temps, nous sommes arrivés à combler ce vide et à surmonter les difficultés qui ont accompagné ta perte, mais en même temps, nous savons que tu ne disparaîtras jamais de nos coeurs et de nos mémoires. Puisque dès la prise de conscience de ton existence, nous t'aimions et le ferons à jamais.

Depuis ce jour fatal, tu n'as jamais cessé de vivre à travers moi. Tout ce que je fais ou accomplis, je le fais pour toi. Tout l'amour que je te porte, mon petit ange, passe par les gestes que je pose quotidiennement. Je ne t'aurai porté que cinq mois et demi et le lien qui t'unit à moi demeure fort et indestructible. Alors, lorsque les gens font comme si tu n'avais jamais existé, c'est ce qui me fait le plus mal. Ce n'est pas le fait de parler de toi qui est le plus dur, c'est le fait de ne pas en parler. Tu auras été et demeureras l'une de mes plus belles réalisations malgré tout. Tu n'auras eu qu'une courte existence, mais saches que pour toujours, tu auras ta place dans la famille et dans ce monde. Je ne laisserai personne t'ignorer même s'ils ne t'ont jamais connu. C'est si facile de dire que je n'ai jamais vécu la maternité. Pourtant, aussi bizarre que cela peut sembler, une mère est une mère même dès le premier jour de conception et son enfant demeure son enfant, à la vie à la mort.

Tellement de choses se sont passées en 3 ans. Tout d'abord, j'ai dû me faire à l'idée de vivre sans ta présence physique. Ensuite, faire face au reste du monde, aux autres bébés et mamans que je côtoyais et que je côtoie encore aujourd'hui. Je ne saurais être assez reconnaissante pour tous les mots de support que j'ai eu et même les messages d'admiration et d'encouragement face à cette épreuve. Ce n'est pas tout le monde qui peut se vanter d'être aussi choyée d'avoir été si bien entourée. J'ai une famille et des amis en or. Encore aujourd¹hui, je vous remercie tout le monde. Vous m'êtes tellement précieux. Je tenais à vous le dire.

Aujourd'hui, je te rend hommage et j'en profite pour faire officiellement de cette journée TA journée. Ta fête en faite. Même si ça n'a rien de très réjouissant que de remémorer le deuil d'un être cher, mais c'est important pour moi. Je pense très souvent à toi et je me demande à quoi tu ressemblerais aujourd'hui. Peut-être aurais-tu hérité des traits physiques de ta maman ou même le caractère de ton papa et vice versa? Hé oui, tu aurais 3 ans aujourd'hui. On dit que c'est l'âge qu'on découvre beaucoup de choses, qu'on pose énormément de questions et qu'on s'émerveille face aux belles choses de la vie. Je n'ai aucun mal à t'imaginer, surtout si ton papa t'avait fait don de sa grande curiosité intellectuelle, tu aurais sans doute fait un véritable petit génie. De toute façon, peu importe l'être humain que tu aurais choisi de devenir, j'aurais été très fière de toi. Enfin bref, je termine sur cette magnifique chanson de mon chanteur préféré et idole de jeunesse. Parce que je te l'aurais sûrement chanté en te berçant et te serrant très fort dans mes bras et t'embrassant.

Pour toujours, JE T'AIME TRISTAN, MON PETIT ANGE ADORÉ!

dimanche 28 septembre 2008

Épilogue - Patch

Aujourd’hui, c’était la fameuse cérémonie en mémoire des bébés décédés à Sainte-Justine durant l’année. Une petite cérémonie spirituelle et émouvante. Pour ma part, je crois que j’avais fait mon deuil il y a longtemps : un malheureux concours de circonstances a fait en sorte qu’un des oncles de Pakou est décédé quelques jours avant Tristan, et pour moi ces funérailles auront été aussi celles de mon fils. Pakou, pour sa part, avait apparemment besoin de ce coup de pouce spirituel. Maintenant, elle est de nouveau prête à affronter mer et monde. Nous sommes de nouveau deux inséparables contre l’adversité.

De mon côté, même après, ça n’a pas été de tout repos. L’épreuve que j’ai traversé a eu des répercussions assez importantes, et une chose en entraînant une autre, je suis maintenant maître de mon destin professionnel. Je crois que je devais laisser un tas de choses derrière moi, pour un paquet de raisons. C’est certain que travailleur autonome, c’est du travail et de l’insécurité de plus, mais j’ai confiance en ce que je suis capable d’accomplir. Je garde la tête haute et j’attends les revers de fortune avec une arrogance que je ne me connaissais pas.

Aujourd’hui, bien des choses se sont concrétisées dans on esprit, quand même. À la cérémonie, ils ont noommé les bébés, un par un. D’entendre «Tristan Charpentier» de la bouche de quelqu’un qui n’est pas dans mon entourage direct a été une sorte de confirmation qu’il a bel et bien existé. Et d’aller me recueillir sur sa tombe (car ils l’ont enterré cette semaine) m’a fait un bien immense aussi. Outre deux photos, un vêtement et des empreintes de pieds, la pierre tombale de Sainte-Justine sur le mont Royal constitue le seul lien matériel qu’il me reste de lui...

Ce blogue, je vous l’offre. Depuis ces événements, je connais deux ou trois personnes qui sont passés par le même chemin que moi. Des gens, évidemment, qui ne méritent pas une telle chose. Ça fait chier, sérieusement. Mais il y a tout ceux que je ne connais pas, qui auront été dirigés ici ou qui seront tombés sur cette adresse par hasard. En espérant sérieusement avoir été d’une quelconque aide.

Patch.

«Fils, lui dit-elle, j’ai longtemps désiré de te voir; et je vois la plus belle créature que femme ait jamais portée. Triste j’accouche, triste est la première fête que je te fais, à cause de toi j’ai tristesse à mourir. Et comme ainsi tu es venu sur terre par tristesse, tu auras nom Tristan.»
— Blanchefleur, Le roman de Tristan et Iseut

mercredi 7 mai 2008

Le système qui rend fou...

Voilà ce que c'est de faire une demande de prestations pour un congé de maternité...



En effet, j'ai dû jouer au yo-yo entre deux établissements gouvernementaux, soit l'hôpital et les RQAP, et tout ça pour avoir un document de morti-naissance que finalement, je n'aurai même pas besoin, aux dernières nouvelles que j'ai eu aujourd'hui.

En effet, tout a commencé la semaine dernière lorsque j'ai téléphoné au RQAP (régime québécois d'assurance parentale) pour faire ma demande de congé de maternité auquel j'ai droit, soit 15 semaines. La gentille dame qui m'a répondu me demande un document de morti-naissance. (WTF?? Pourquoi on ne m'a pas demandé ça dès ma sortie de l'hôpital??) Enfin bref, je téléphone à l'hosto pour demander le dit document et on me dit qu'il faut une demande écrite pour l'avoir, car légalement, ils ne peuvent rien faire avec les demandes orales. Je m'affaire donc à composer un beau petit texte demandant le document. Ensuite, Patrick a gentiment pris de son temps au travail pour le faxer. Lundi matin, je téléphone à l'hosto pour vérifier s'ils l'ont bien reçu. On me dit qu'ils sont sur le point de l'envoyer aux statistiques afin de composer le document que je demande et qu'il devrait être prêt d'ici la fin de la semaine. Jusqu'ici, tout est sous contrôle, jusqu'à aujourd'hui où une autre dame de l'hôpital m'appelle en me disant que la préparation du document demande un certain temps. J'insiste sur le fait que j'en ai besoin le plus vite possible pour avoir mes prestations. On m'offre un rapport préliminaire, mais n'étant pas certaine s'il sera accepté par le RQAP, je re-téléphone de nouveau à l'organisme gouvernemental et pose enfin ma question. Après quelques minutes de consultation, la dame me revient en me disant que, finalement, tout ce qu'ils ont besoin est un document signé par le médecin où il est écrit le nombre de semaines de grossesse où a eu lieu l'interruption. Ce document-là, on me l'a déjà donné à l'hôpital!! Me semblait aussi!! Mais pourquoi on ne me l'a pas dit avant?? Comme quoi deux instances gouvernementales ne sont même pas foutues de communiquer entre elles...

On se croirait clairement dans la maison des fous dans Les douze travaux d'Astérix...

mardi 29 avril 2008

À la mémoire de mon fils... Tristan

À la mémoire de mon fils... Tristan

À toi qui es né, mais qui n’as pas survécu. À toi qui a sans doute probablement souffert lorsque tu étais en moi, et ce, même si cette partie de toi n’était sûrement pas développé encore. À toi qui ne connaîtra jamais les joies de la vie. C’est vrai qu’elle n’est pas toujours rose, mais elle nous réserve très souvent des surprises agréables, comme le jour où j’ai appris que tu grandissais déjà en moi et que tu y pataugeais joyeusement. Ce fût un tel bonheur pour moi et sache que je t’aime aimé immédiatement. Je t’ai toujours aimé et t’aimerai toujours, toi mon petit trésor, comme je t’ai toujours appelé.

Le jour où j’ai su que tout avait basculé et que je ne verrai jamais ton petit minois et ne pourrai jamais te bercer tous les jours en te donnant le sein, j’en étais brisée. Comme si on m’avait arraché le coeur. Après quelques jours de réflexion mais de déchirements, je me faisais de plus en plus à l’idée malgré tout. Non pas que j’ai voulu à tout prix me débarrasser de toi, mais il valait mieux ainsi pour ton propre bien. Vivre est un privilège! Sur ce, je tiens à te demander pardon pour n’avoir pu t’accorder ce privilège, mais sache que je l’ai fais surtout pour toi. Tes souffrances maintenant sont choses du passé et aujourd’hui, tu te fais déjà bercer par ta grand-maman adorée derrière la lune...

Repose en paix et sois heureux là où tu es, mon trésor, mon fils... Tu vivras sans aucun doute à travers ton futur frère ou ta future soeur...

lundi 28 avril 2008

Tristan Charpentier, 2007-26 avril 2008

Dimanche, 17 h 30. Un soleil couchant écarlate perce à travers les nuages. Nous sommes encore en route vers l’hosto. Les saignements, encore, plus de petites crampes qui commencent à ressembler à des contractions...

Urgence gynéco, doc, la routine habituelle, quoi... Après un bref examen, la suite des choses allait de soi. On tire la prise lundi matin.

Présentement, c’est le calme avant la tempête. J’ai confiance que tout va bien aller, mais je me retrouve devant un méchant bloc d’inconnu. Avec ma psychose de l’accouchement, ça n’aide rien. Apparemment, je vais me faire désensibiliser de la manière dure...

Mes états d’âme? Dans toute cette tourmente, je persiste et signe, on a fait le bon choix. Sardine n’aurait pas été viable selon les médecins, et la seule peur que j’avais en posant ce geste était le char et la barge de commentaires moralisateurs sur l’avortement. Au contraire, les appuis fusent de partout.

Ce qui a grandement facilité la décision par contre, surtout de mon côté, c’est notre qualité de vie. Depuis bientôt trois mois, Pakou est confinée au lit et au canapé, et pour ma part je vis la vie d’un père monoparental avec deux enfants à charge, sans même en tirer les bénéfices, à savoir notamment de recevoir l’affection d’un petit truc trogne en retour. (en fait, c’est à moitié vrai : Pakou me rappelle très souvent à quel point elle est reconnaissante pour tout ce que je fais!) De comparer cet accouchement à la Libération de la France par les Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale est dans ma tête un euphémisme léger. Habituellement, une grossesse est supposée être une période heureuse, mais avec les corvées et l’inquiétude en toile de fond, disons que je le cherche, mon fun. Je me demande même à quel point c’est encore ma vie. Je me suis contenté, durant les trois derniers mois, d’exister, d’être là pour Pakou et Sardine. J’ai hâte de me réapproprier ma vie, je crois.

Enfin, je vais aller dormir, je crois. Ça va être dur, demain...

[...]

Lundi, 14 h 15. Depuis ce matin, on a commencé le travail. Pakou prend du misomachin pour aider à dilater le col, et du pitossin (si ça s’écrit comme ça) pour provoquer les contractions. Et on dirait que ça commence à faire effet...

Le but ici semble cette fois d’éviter le plus possible toute forme de douleur. On lui a prescrit des tylenol, et une dose appréciable de morphine attend sur l’arbre à soluté. Présentement, la force des contractions commence à augmenter un peu, la fréquence aussi. Pour le moment, les petites inquiétudes sont les seules choses qui aident à passer le temps...

[...]

Lundi, 15 h 50. Anne-Marie, l’infirmière du quart de jour, vient de partir. La nouvelle infirmière se pointe, Pakou a une autre envie pressante et le teint livide. La morphine et la douleur, probablement. Elle revient dubitative, une bonne masse est passée. Les doutes de l’infirmière se confirment : le bébé est dans la toilette...

Tout un choc, mais la douleur diminue de façon drastique. Pakou a même repris des couleurs. Alors qu’ils l’inspectent (tout est beau), je reviens sur ma décision : je veux voir le bébé.
On m’amène dans une salle où le fœtus gît, mort, couvert d’ecchimoses parce que compressé dans l’utérus, enmitouflé dans une serviette. Il est né avec un double bec de lièvre. Je dit «il», parce qu’en fin de compte, on aura su le sexe. Tristan, qu’il se sera appelé. Pour toute la tristesse et les épreuves qu’il m’aura amené. S’il avait été une fille, elle se serait appelée Yseut. Pour suivre le pattern.

Je me suis excusé auprès de Tristan. J’aurais tant voulu le sauver, mais bon... J’ai pris le fœtus de 285 grammes dans mes bras, et je l’ai bercé, seule marque d’affection que j’aurai pu faire à mon fils, en lui chantant une berceuse. Même si, en définitive, il a déjà dû rejoindre sa grand-mère, Derrière-la-Lune.

Sardine aura eu sa vie, Sardine aura fait son temps. Trop peu... Enfin, peut-être pas. Techniquement, il aura fait le voyage à Las Vegas avec nous. Il aura été le seul témoin du mariage de ses parents. Il aura été avec son père lors de ses 30 ans. Il aura «vu» Gatineau et le Henri Band en concert. Ça fait beaucoup de choses pour un enfant de cet âge!

Et je suis fier de Pakou, aussi. Elle a fait ça de manière exemplaire, surtout avec le niveau de préparation qu’elle avait. Elle va remettre ça sur mon dos, encore, mais je n’aurai été là que pour le support moral; c’était son travail à elle, pas le mien!

Adieu Tristan. Désolé pour tout.

Et si je vous disais que même au milieu d'une foule
Chacun, par sa solitude, a le coeur qui s'écroule
Que même inondé par les regards de ceux qui nous aiment
On ne récolte pas toujours les rêves que l'on sème

Déjà quand la vie vient pour habiter
Ces corps aussi petits qu'inanimés
Elle est là telle une déesse gardienne
Attroupant les solitudes par centaines...

Cette mère marie, mère chimère de patrie
Celle qui viendra nous arracher la vie
Celle qui, comme l'enfant, nous tend la main
Pour mieux tordre le cou du destin

Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes

La main de l'autre emmêlée dans la nôtre
Le bleu du ciel plus bleu que celui des autres
On sait que même le plus fidèle des apôtres
Finira par mourir un jour ou l'autre

Et même amitié pour toujours trouver
Et même après une ou plusieurs portées
Elle est là qui accourt pour nous rappeler
Que si les hommes s'unissent
C'est pour mieux se séparer

Cette mère marie, mère chimère de patrie
Celle qui viendra nous arracher la vie
Celle qui, comme l'enfant, nous tend la main
Pour mieux tordre le cou du destin

Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes

Car, tel seul un homme, nous avançons
Vers la même lumière, vers la même frontière
Toujours elle viendra nous arracher la vie
Comme si chaque bonheur devait être puni

Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes

— Pierre Lapointe, Tel un seul homme

mardi 22 avril 2008

Chronique d'une mort annoncée...

C'était aujourd'hui, cette fameuse journée fatidique où le destin de Sardine devait se jouer. Malheureusement, il n'a pas passé le test. Le liquide n'est toujours pas revenu dans la dernière semaine, et même qu'il est pratiquement totalement absent. 

Après avoir passé la journée dans ma chambre d'hôpital à me ronger les sangs (heureusement, j'avais Patrick près de moi. MERCI PATRICK!! JE NE TE SERAI JAMAIS ASSEZ RECONNAISSANTE!), nous avons finalement pu rencontrer la gynéco qui me traite, y compris la résidente (très humaine et chaleureuse d'ailleurs) qui était de garde. On nous a expliqué les causes et les conséquences probables du manque de liquide pour en venir à la conclusion que Sardine présente maintenant un retard de croissance accumulé de trois semaines déjà et ses petits poumons étant en formation, ils ne pourront probablement jamais se développer normalement dû à toutes ses complications. De plus, le décollement placentaire survenu il y a deux mois n'a sûrement pas dû aider dans tout ça. En effet, un placenta disfonctionnel (ou à moitié fonctionnel) est sans doute à la source de tout ça. 

Présentement, nous avons pris la décision de donner une dernière chance au liquide de peut-être se reformer, mais vu justement le placenta qui ne remplit pas pleinement son mandat et l'état de santé de Sardine, il ne nous reste plus beaucoup d'espoir.

Ce soir, je suis de retour à la maison, pour une semaine au moins, histoire de me préparer moralement pour ce qui s'en vient. Je n'y serai probablement pas arrivé si j'étais restée une semaine de plus à l'hosto. J'avais besoin de me retrouver dans mes affaires, dans mon confort et penser un peu à moi avant d'en faire mon deuil. Hé oui, nous en serions rendus là. Dire adieu à notre ti-pou une fois pour toutes, plutôt que de le mettre au monde et qu'il souffre toute sa vie de problèmes de santé graves... C'est une dure épreuve qui m'attriste grandement, Patrick aussi, mais plus ça va, et plus nous nous faisons à l'idée qu'il vaut mieux ainsi. Sans doute que la prochaine grossesse ira mieux... 

Alors maintenant, je pense qu'il ne nous resterait plus qu'à attendre jusqu'à mardi prochain avant de fort probablement dire... «À la prochain fois... » (du moins si les eaux ne se reforment pas)

lundi 21 avril 2008

Les états d’âme du père, chapitre cinq

Photobucket

• D’entrée de jeu, je dois vous dire que Pakou a écrit quelque chose, mais que je ne peux pas le publier ici, le fil usb de mon ipod (sur lequel j’avais transféré le dit message) est resté à l’hosto. Le con. Ça ira à plus tard, faut crère...

• Vous aimez la photo du haut? Je l’ai prise du belvédère Camilien-Houde hier soir. Apparament, la jeunesse arabe s’y donne rendez-vous le dimanche soir, je ne savais pas. J’apprivoise peu à peu cette «liberté», on dirait. Voyez, ce soir. Après l’hosto, je suis allé me faire aller le klaxon avec les autres fans du Canadien, sur Saint-Laurent. Et un coup parti, je me suis arrêté chez Schwartz’s m’engloutir un presque souper (il y avait des légumes : deux cornichons). Ça m’a donné l’impression de respirer avec la ville, de ressentir son beat. Ça fait changements des quatre décors qui composent le téléroman de ma vie : la maison, le char, le bureau et l’hosto. Et puis bon, ça m’a permis de voir la lune. J’en ai profité pour parler à ma mère, elle vit juste de l’autre côté. Je lui ai demandé un restant de grossesse normale. Pour une fois que je demande quelque chose à quelqu’un...

• Demain, c’est le jour fatidique. J’ai l’impression que la rondelle roule pour nous : ils ont eu un peu de difficulté à entendre le cœur en fin de semaine, Sardine bougeait trop. Bien entendu, c’est signe que le liquide se refait...

Mais encore, si ça foirait?

Je ne veux pas me jinxer, bien entendu, mais dans mon espèce de drop d’espoir de la semaine dernière, j’avais prévu un peu les deux scénarios. Je me suis même surpris à penser : «s’il fallait vraiment tout arrêter ici, tout serait donc plus simple pour nous, et je pourrais souffler un peu...» Je sais, ça sonne horrible, surtout après coup. N’empêche, si ça tournait mal, j’aurai directement le droit de vie ou de mort sur un être humain...

Évidemment, les questions et les idées se bousculent pas mal dans ta tête à ce moment-là. Ça ramène un paquet de questions sur la table, dont celle de l’avortement. En France, ils semblent avoir un concept d’interruption médicale de grossesse plus arrêtée qu’ici, mais encore, je découvre tellement de trucs que j’ignorais sur la grossesse (fibrome, décollement placentaire, rupture du sac amniotique...), j’imagine que l’avortement thérapeutique doit moins frapper l’imaginaire que ce que je m’attendais... Il faut dire que la semaine dernière, ça regardait plutôt mal : retard de croissance, bébé tassé dans un coin, et tout. Si toute cette merde entravait vraiment son développement de façon grave, est-ce que ça vaudrait même la peine de mettre un enfant au monde sachant qu’il ne pourrait se contenter que d’exister? En sachant pertinemment que sa qualité de vie serait nulle, et celle de ses parents aussi? Je suis contre l’avortement comme moyen de contraception, bien sûr, mais dans ce cas-ci, la ligne est très large, et très floue. À partir d’où trace-t-on la limite entre un être humain viable et un être humain confiné à une demie-vie? À quel point cela devient-il de l’égoïsme ou une sorte de justice pragmatique? Est-ce moralement acceptable de ne pas vouloir passer le reste de sa vie à s’occuper d’un être humain condamné dès la naissance à n’exister, parce que son corps ne pourra jamais suivre?

Enfin, comme d’habitude, je m’inquiète pour rien, j’imagine. Je le répète, tous les signes sont encourageants. Et avec juste un tout petit peu de chance, on pourra voir le sexe. Alors, il va m’en falloir pas mal pour que ça finisse demain!

• Finalement, un énorme merci à tous ceux qui nous encouragent là-dedans. Ça nous fait vraiment chaud au cœur. Je ne le dirai jamais assez, et Pakou non plus.